Atlas Géographique Informatisé Régional

Le taux de mortalité infantile est la probabilité du nombre de décès d’enfants de moins d’un an, calculée pour 1 000 naissances vivantes1. En l'absence de données sur l'indice de développement humain (cf. carte), la mortalité infantile est l’un des plus sûrs échos du niveau de développement d'un pays. En effet, l'extrême fragilité du nourrisson le rend entièrement dépendant des conditions de qualité de son environnement immédiat en matière d'infrastructures d'hygiène, de santé, de développement socio-économique, d'éducation, de gestion mais aussi en fonction de l'enclavement géographique plus ou moins prononcé et de la situation politique de leur pays. Comme pour toutes données quantitatives, il reste néanmoins souvent difficile de mesurer cet indice avec précision. Ceci est d'autant plus complexe que le pays est pauvre et dépourvu des moyens de collectes de l'information nécessaire.

À l’échelle mondiale, en 2002, le taux de mortalité infantile est de l’ordre de 55 pour mille naissances. Les pays les plus avancés sont la Suisse, la Suède, le Japon et Singapour, avec un taux plus de quinze fois inférieur à la moyenne mondiale (3 ‰ naissances). Les autres pays du monde développé ont des taux qui s'échelonnent de 4‰ à 7‰ (4‰ pour la France métropolitaine, 7 ‰ pour les États-Unis). À l'autre extrémité du classement, on trouve des taux de l'ordre 160‰ et plus (Angola, Niger, Sierra Leone). D'une façon générale, l'Afrique noire connaît des taux de l'ordre 100‰, l'Asie du Sud de 60‰, l'Asie occidentale de l'ordre de 45‰, l'Amérique centrale et du sud de l'ordre de 30‰. À L'intérieur de chacun de ces groupes, on trouve, bien entendu, une grande variété des situations qui reflètent le niveau général du développement du pays ou de la région considérés.

Dans l'océan Indien, on identifie aisément un groupe qui présente d'excellentes conditions de développement et des taux de mortalité infantile inversement proportionnels à l'Indice de développement humain (IDH). Singapour et l'Australie arrivent en tête (3‰ et 6‰). Ils sont suivis de la Réunion, de Bahreïn, du Koweït, des Seychelles et du Qatar avec des taux de 8‰ à 10‰. Pour les trois pays du Golfe, la rente pétrolière permet ces bons résultats, pour les Seychelles c'est une politique sociale et volontariste agit dans le bon sens. À la Réunion, le taux de mortalité infantile (8‰) est tout à fait correct. Il, présente toujours, néanmoins, un décalage par rapport à la métropole (4‰). Des problèmes spécifiques de santé publique (alcoolisme des mères, exclusion sociale, diabète, etc…), que l'on retrouve dans les autres outre-mers français, sont toujours des obstacles récurrents pour arriver à surmonter ce retard. Les autres pays du Golfe producteurs de pétrole, les "tigres" de l'océan Indien (Maurice, Malaisie, Thaïlande, Indonésie) ainsi que l'Iran et le Sri Lanka atteignent des taux honorables qui dénotent d'un décollage économique et d'une transition sanitaire en voie d'achèvement.

Enfin, quelques îlots particulièrement mal développés présentent toujours des taux très élevés (de 109‰ pour le Swaziland à 135‰ pour le Mozambique). C'est l'Afrique économiquement, socialement et politiquement marginalisée avec des perspectives limitées pour les années à venir.

Pour pousser l'analyse, il convient de prendre en compte un autre taux : celui de la mortalité juvénile. C'est la probabilité de décès entre la naissance et le cinquième anniversaire, calculée pour 1 000 naissances vivantes, on l'appelle aussi le taux de mortalité des moins de cinq ans. Ce taux était de 250 ‰ en 1950 dans le monde, il est aujourd'hui de 80‰. Des progrès importants ont donc été accomplis mais l'Afrique subsaharienne (175‰) et l'Asie du Sud (100‰) sont toujours les plus marqués et les progrès ont tendances à stagner. La malnutrition entraîne directement ou indirectement plus de 50% des décès d’enfants de moins de cinq ans. Diarrhée, infections respiratoires, paludisme, rougeole et SIDA sont aussi des causes majeures. C'est justement la propagation de la pandémie du SIDA qui fait craindre que la baisse du taux de mortalité juvénile se ralentisse ou s'arrête dans les années à venir et notamment dans les régions les plus exposées d'Afrique subsaharienne et d'Asie du Sud. La hiérarchie que nous avons évoquée précédemment pour la mortalité infantile est globalement respectée pour la mortalité juvénile dans le bassin india-océanique.

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François Taglioni

Bibliographie

Barbirei, M; ; Catteau, C., 2002. ”Mortalité infantile : stagnation depuis dix ans". Économie de la Réunion, n°111, p. 23-25

PNUD, 2002. Rapport mondial sur le développement humain. Bruxelles, De Boeck Université, 292 p.

Sources de la carte

CIA, 2002 ; INSÉÉ, 2002 ; UNICEF, 2001

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1 Plus précisément, le taux de mortalité infantile est la somme des trois taux suivants :

  • taux de mortalité néonatale précoce, qui exprime le ‰ de décès avant la fin du 6e jour;
  • taux de mortalité néonatale tardive, qui exprime le ‰ de décès entre le 7 e et le 27 e jour;
  • taux de mortalité post-néonatale, qui exprime le ‰ de décès entre le 28e jour et la fin de la première année.