Atlas Géographique Informatisé Régional

Nous avons précédemment appréhendé quantitativement le faible poids du PNB india-océanique à l'économie mondiale (cf. carte "Le poids économique des états et territoires dans le bassin India-Océanique"). Nous allons maintenant dresser les contours qualitatifs des activités économiques industrielles et tertiaires des pays de la région.
Le Bassin india-océanique a reçu pour l’année 2000, 10 % des arrivées de touristes internationaux soit un peu plus de 70 millions. Les 12 premiers pays riverains de l’ensemble du Bassin concentrent plus de 90 % des arrivées de la zone. Parmi eux, la Malaisie, la Thaïlande, Singapour, l’Arabie Saoudite, l’Afrique du Sud, l’Égypte, l’Australie et l’Indonésie constituent les destinations privilégiées de la région (76 % des arrivées). L’attractivité économique, religieuse ou culturelle de ces espaces explique le drainage quasi exclusif exercé par ces États sur les flux touristiques dirigés sur le Bassin. Ces principaux collecteurs ne sont pas traditionnellement associés à la destination « océan Indien ». En effet, les représentations géographiques façonnées par les professionnels du tourisme les mobilisent sous des dénominations plus larges et mieux commercialisées : le Pacifique Sud, l’Asie, le Golfe, l’Afrique Orientale, l’Afrique Australe… La réalité d’une destination « océan Indien » s’identifie beaucoup plus aux espaces insulaires de cet océan. Ces derniers sont constitués principalement par Madagascar, les Mascareignes, l’archipel des Comores (avec Mayotte) et les Seychelles pour la partie Sud-Ouest du Bassin, par les Maldives, le Sri Lanka pour la partie Nord. Cette collection d’îles attire plus de 2 millions de touristes annuellement, soit 0,3 % des arrivées mondiales ; à l’échelle du Bassin India-océanique, sa part s’élève à un peu plus de 3 %. L’île Maurice et la Réunion captent à elles seules 47 % des arrivées touristiques des espaces insulaires du Bassin. Si « l’île intense » reste marginalisée par son éloignement des grands marchés potentiels du tourisme et pénalisée par le coût élevé de la desserte aérienne, cette activité demeure néanmoins le premier produit à l’exportation. La modestie du résultat statistique des espaces insulaires traduit mal le rôle parfois très important que peuvent avoir les fruits de l’activité touristique pour certaines îles.

Néanmoins, dans le cas des Seychelles on note une baisse régulière de son tourisme international depuis quelques années. L'État seychellois compense les pertes économiques par le développement soutenu des activités offshore. Aujourd'hui, la Seychelles international business authority gère plus de 10 000 sociétés qui génèrent des revenus appréciables pour le gouvernement et la population (80 000 habitants). La situation est comparable pour les îles de Bahreïn et de Labuan qui est un port franc surnommé le royaume du duty free. Dans ce domaine, Dubaï, dans les Émirats Arabes Unis est aussi en bonne place. En ce qui concerne les zones franches industrielles, le fondement est l'attrait qu'exercent sur les entreprises transnationales les régimes fiscaux et douaniers accueillants des zones franches industrielles d'exportations (ZFIE) et l'avantage compétitif que procure une main-d'œuvre disciplinée et bon marché. Les plus grandes ZFIE sont localisées dans le sud-est asiatique sur la ceinture dorée des zones franches qui passe par l'Amérique centrale/Caraïbe, la Méditerranée, le Moyen-Orient et l'Asie du Sud-Est. Elles sont largement le résultat des délocalisations industrielles du Japon depuis les années 60 vers les NPI (Hong Kong, Taïwan, Corée du Sud et Singapour) qui eux-mêmes ont ensuite essaimé vers les «bébés tigres» que sont la Thaïlande, la Malaisie, l'Indonésie, les philippines et Brunei). On trouve aussi des ZFIE dans les pays du Golfe et en Asie centrale. Dans le sud-ouest de l'océan Indien, Maurice et Madagascar présentent des ZFIE qui sont dynamiques dans le premier cas mais qui souffrent des troubles et de l'instabilité politiques dans le deuxième.
Les centres industriels majeurs se localisent en Asie du sud-est avec Jakarta, Singapour et Bangkok qui possèdent des industries lourdes de type construction navale, automobile et pétrochimie. Bombay et Johannesburg sont les deux autres principaux pôles du bassin de l'océan Indien. La Réunion possède un secteur industriel, de type industries légères, embryonnaire. Il n'est pas tourné vers l'exportation mais vers les besoins du marché intérieur. Ce manqué relatif de dynamisme industriel reste valide pour le secteur des services financiers et du tourisme qui procurent des recettes faibles si on les compare à celle de Maurice par exemple.

Les zones de production et de raffinage de pétrole sont au Moyen-Orient et elles constituent un enjeu stratégique majeur pour toutes les économies industrielles du monde. En dépit de la diversification des sites de production de pétrole brut, les deux tiers des réserves mondiales sont toujours localisées au Moyen-Orient.

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Christian Germanaz

François Taglioni

Bibliographie

Attac, 2000. Les paradis fiscaux. Paris, Mille et Une Nuits, 102 p.

Benjamin, D. ; Godard, H., 1999. Les outre-mers français. Paris, Ophrys, 267 p.

Sources de la carte

Atlaséco, 2002 et OMT, 2002