Atlas Géographique Informatisé Régional

L’Organisation Mondiale du Tourisme prévoit que d’ici 2020, le nombre d’arrivées de touristes internationaux dans le monde s’élèvera à plus d’1,6 milliards et les dépenses correspondantes à plus de 2000 milliards EU $. Au cours des 25 prochaines années la plupart des pays industrialisés devraient atteindre leur plafond en ce qui concerne la participation de leur population dans le tourisme national. Ce dernier va connaître une plus forte croissance dans les pays en développement de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine espaces où l’on verra une part de plus en plus importante de la population participer activement au phénomène touristique. Qu’en est-il pour les pays de l’océan Indien ? Si l’on se réfère à l’OMT (Tourisme : Horizon 2000) , le nombre d’arrivées va être multiplié par 4,5 , passant de 39 millions en 95 à 179 en 2020 et la part dans le marché mondial atteindre les 11,5% contre 7% actuellement. Ces prévisions, qui semblent être excellentes pour le futur, nous conduisent à tenter de mesurer la prégnance du phénomène pour les 37 pays bordiers de notre océan. Pour évaluer cette prégnance- terme que nous retenons pour établir le niveau de pénétration du phénomène - nous avons choisi la relation nombre de touriste/habitant. Cette mesure est un indicateur de la « mise en tourisme » des populations. On pourra nous objecter qu’elle ne traduit pas la réalité marchande et que des indicateurs comme les recettes ou le poids du tourisme dans l’économie auraient été plus judicieux. Nous y répondrons en rappelant que le tourisme est un fait de société avant d’être un phénomène marchand et qu’il est difficile d’avoir des éléments qui permettent, actuellement, de mesurer, de façon fiable, la « compétitivité » des pays. L’analyse de cet indicateur de prégnance permet de dire que les pays de l’océan Indien sont passés, en terme de touriste/100 habitants de 1,6 en 95 à 3,3 actuellement. Certes on est encore loin des 11 pour 100 du monde mais, cela démontre que le phénomène touristique que nombre d’experts présentent comme « l’industrie majeure » du XXIè siècle a touché notre espace india-océanique . Cette forte présence est un enjeu majeur pour nos territoires, ce d’autant que dans les années à venir le monde du tourisme va connaître de profondes mutations (nouveaux clients, produits, services, nouvelles destinations, nouveaux modes d’information et de distribution...). C’est là un fait majeur qui devrait apporter des modifications importantes dans les stratégies des pays, même si ces pays présentent des logiques nationales fort contrastées :

  • ceux ayant un nombre de touristes supérieur au nombre d’habitants : Bahreïn, Maldives, Singapour, Seychelles et Emirats Arabes Unis (notamment grâce à Dubaï) témoignant d’une politique touristique active et d’un positionnement précis et reconnu
  • ceux dont on relève une présence forte : Maurice, La Réunion, le Botswana, la Malaisie, le Swaziland, l’Australie, Oman.
  • ceux qui se caractérisent par une présence marquante: Zimbabwe, Thaïlande, Mayotte, Afrique du Sud
  • pays à faible prégnance: Lesotho, Egypte, Zambie, Arabie Saoudite, Comores, Kenya, Indonésie, Sri Lanka, Tanzanie, Madagascar
  • les espaces en marge: Ethiopie, Iran, Myanmar, Yémen, Pakistan, Inde, Bangladesh, Somalie

On relèvera dans ce classement que les Seychelles, Maurice, La Réunion sont parmi les pays qui disposent d’un « capital « important en terme d’empreinte touristique, alors que Madagascar, les Comores, l’Inde sont en situation inverse. Ces orientations très tranchées nous les retrouvons avec d’autres paramètres. Ainsi, en rapprochant le nombre d’arrivées internationales et le nombre de départs de résidents on peut se faire une idée du « degré de maturité touristique », partant que plus l’on se rapproche du point de « neutralité » (1 arrivée pour 1 départ) plus le pays est mature. L’Australie (0.7), La Réunion (0.7), Singapour (0.6), Maurice (0.5) sont ainsi les plus matures de l’espace touristique india-océanique.
La « mise en tourisme » de l’espace océan Indien apparaît ainsi à la fois évidente et conforme à ce qui se passe à l’échelle de la planète. On y retrouve des ruptures, des inégalités fortes ce qui signifie que la logique qui veut que les espaces où est né le tourisme sont les grandes zones touristiques, est contestée. L’océan Indien et ses rivages sont en train de devenir un « grand bassin touristique », certes avec des espaces « pleins » et des aires encore en périphérie du phénomène, mais cette montée en puissance de l’espace indiaocéanique devrait faire prendre conscience qu’il y a, dans un périmètre plus accessible, une « matière touristique » et un potentiel humain ouvert au déplacement de loisirs. Ce nouveau regard devrait voir orienter les futures politiques touristiques, les acteurs publics, opérateurs privés, professionnels du terrain devant les intégrer dans leurs stratégies de tourisme durable.

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Guy Fontaine

Bibliographie

Philippe DUHAMEL et Isabelle SACARAU : Le Tourisme dans le monde - Prépas Géographie - A Colin - Paris, 1998

Tourisme : Horizon 2020 - OMT - Madrid - Espagne - 1999

Sources de la carte

OMT 2002