Atlas Géographique Informatisé Régional

La répartition de l’aide publique au développement mobilisée en faveur des pays insulaires et riverains du bassin india–océanique confirme, en les accentuant, les profondes disparités de situation, déjà reflétées par la mesure de l’IDH (cf. supra). Ces disparités sont liées aux profils socio-économiques très contrastés des pays considérés, mais elles témoignent aussi de stratégies régionales variables, de la part des «bailleurs de fonds» bi- ou multi–latéraux1.

La répartition générale révèle une double convergence assez nette des flux d’aides. D’une part, vers des pays en déshérence économique, souvent liée à une situation de crise politique passée (Mozambique) ou actuelle (Madagascar), mais disposant d’un «potentiel »de développement. Ils bénéficient d’une attention régulière et relativement soutenue de tous les bailleurs de fonds. D’autre part, vers les grands pays asiatiques (Pakistan, Inde, Indonésie) qui mobilisent d’importants financements de la Banque mondiale, sans fléchissement depuis plusieurs décennies. L’Union européenne semble fortement miser sur l’Afrique australe (Afrique du sud et Mozambique).
En marge de ces pôles majeurs, les Etats insulaires reçoivent une aide dont l’ampleur et la régularité pluriannuelle s’avèrent variables. Les multiples et importants transferts financiers dont la Réunion fait l’objet, difficiles à quantifier, ne sont pas comptabilisables au titre de l’aide au développement. Dans la région, l’aide ne paraît pas accompagner une réelle stratégie d’investissement à long terme. Le «coup par coup »semble prévaloir. Les priorités sectorielles varient très fortement d’un Etat à l’autre, s’adaptant au contexte national, privilégiant ici l’environnement (Seychelles), ailleurs les infrastructures (Madagascar), les secteurs sociaux (Comores) ou les services (Maurice).

L’aide française, celle de l’Agence française de développement (AFD) et du Fonds de solidarité prioritaire (FSP), semble modeste, comparée aux volumes financiers considérables concédés par la Banque mondiale. En 2000, un examen comparatif des projets financés, en Afrique de l’est et dans les Etats insulaires, montre un rapport variant en moyenne de 1 à 6, en faveur de la Banque mondiale. Son «leadership » continue à s’accentuer, d’autant que ces dernières années ont été marquées par un fléchissement généralisé de l’aide publique française. Sensible sur le bassin india-océanique, la baisse est de l’ordre de –15 % entre 1996 et 2000. Surtout, une redistribution spatiale significative s’est dessinée, en faveur des pays émergeants du sud est asiatique et de l’Afrique australe. L’aide publique française continue toutefois à «cibler » des pays entretenant une longue relation avec la France (Djibouti, Madagascar). Cette donnée géopolitique demeure prégnante. Mais la France tente d’intensifier un «partenariat » durable avec les pays d’Asie du sud est où se nouent encore des enjeux liés à la francophonie (Vietnam, Kampuchéa, Laos), au sein d’un espace régional en profonde et rapide mutation.

L’efficacité globale de l’aide demeure très difficilement mesurable. Par contre, une constante est à remarquer pour tous les programmes mis en œuvre dans le bassin india-océanique : la place croissante accordée aux secteurs sociaux, plus particulièrement à celui de l’éducation et de la formation. Cette orientation s’amorce dès les années quatre vingt et s’affirme dans la décennie suivante. Ce secteur, stratégique à long terme, fait partout l’objet de projets souvent importants, inscrits dans la longue durée. Il concentre une part de plus en plus importante des financements au titre de l’aide, quel que soit la taille, le poids démographique et la situation de développement des pays en question.

L’aide au développement dans le bassin india-océanique apparaît complexe, évolutive et diverse. Elle est dominée par La Banque mondiale qui impose partout une influence qui s’étend et tend à s’ériger en modèle.

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Thierry Simon

Bibliographie

Banque mondiale, 2001. Rapport sur le développement dans le monde : combattre la pauvreté. Paris, ESKA, 381p.

Observatoire Permanent de la Coopération Française (OPCF), 2001. Rapport 2001. Paris, KARTHALA, 246p.

Sources de la carte

Banque mondiale, FMI, OCDE, UE, AFD, Min.Aff.Etr.,2002.

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1 des dons ou des prêts constituent l’aide au développement : d’origine «bilatérale », fournis d’Etat à Etat, ou «multilatérale », impliquant plusieurs Etats par le biais d’un organisme international (le Fonds européen de développement, par exemple, ou la Banque mondiale).