Atlas Géographique Informatisé Régional

L'IDH : Un indicateur composite

Depuis 1990, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) propose annuellement un indicateur de développement humain (IDH). L'IDH tente d'approcher le niveau moyen de développement atteint par pays1. L'IDH est la moyenne arithmétique de la somme de trois indicateurs :

  • la longévité, qui se mesure par l'espérance de vie en années à la naissance
  • le niveau de vie, qui s'appuie sur le produit intérieur brut (PIB) réel par habitant
  • le niveau d'éducation, qui est le reflet du taux brut de scolarisation et du taux d'alphabétisation des adultes. Les valeurs de l'IDH, pour les données les plus récentes (2000), s'étalent de 0,275 pour la Sierra Leone à 0,942 pour la Norvège. Entre ces extrêmes, on retrouve toutes les valeurs possibles pour les 173 pays recensés dans l'édition 2002 du rapport sur le développement humain dans le monde.

Avec ses limites

Précisons néanmoins, que l'IDH ne prétend nullement être le reflet exhaustif d'un concept aussi complexe que le développement humain. Il passe notamment sous silence les disparités de développement que l'on rencontre à toutes les échelles spatiales d'un État, d'une région, d'un département, d'une commune ou encore entre les villes et les campagnes. Il donne cependant une mesure indicative et permet de faire des comparaisons internationales.

Une typologie

Dans le bassin india-océanique, il se dégage plusieurs catégories de niveau de développement humain qui confirme la grande disparité socio-économique et politique de cette région composite.

Du développement élevé

L'Australie et Singapour se détachent nettement en tant que pays à développement humain très élevé. Ils sont les seuls de la région comparables aux autres États développés du monde.
Il vient ensuite un groupe au développement humain élevé composé, par ordre décroissant de la Réunion, Bahreïn, Koweït, Émirat Arabe Unis, Seychelles, Qatar, Malaisie, Maurice, Thaïlande, Arabie Saoudite, Oman, Maldives, Sri Lanka. La Réunion, souvent comparée à un îlot de prospérité, est la plus avancée en termes de développement humain. Il est certain que son lien institutionnel avec la France et l'Union européenne est garant de flux de développement essentiels. Les autres États connaissent une relative prospérité entachée cependant d'instabilité politique chronique pour le Sri Lanka et une mauvaise répartition des richesses du pétrole, qui se traduisent par des disparités nationales importantes, pour les pays du Golfe.

Au développement incertain

De l'Iran au Lesotho en passant par l'Afrique du Sud, l'Indonésie, l'Égypte, le Swaziland, l'Inde, Myanmar (Birmanie), on observe une gamme de pays au développement humain intermédiaire. Les pays d'Afrique australe, les plus développées du continent africain, y sont présents ainsi que l'Inde, «géant» démographique (1 milliard d'habitants) et économique (15e puissance mondiale), l'Indonésie (premier État islamique du monde avec près de 90 % de ses 206 millions d'habitants de confession musulmane) et aussi l'Iran, État Islamiste progressiste qui applique des politiques publiques attachées au volet social en matière de santé et d’éducation.

Les pays les moins avancés

Enfin, en bas du classement on trouve un groupe hétérogène qui comprend, par IDH décroissant, Mayotte, Kenya, Comores, Pakistan, Bangladesh, Madagascar, Yémen, Djibouti, Tanzanie, Érythrée, Éthiopie, Mozambique. Le moindre degré d'intégration de Mayotte à la République Française ainsi que la revendication de souveraineté, depuis 1976, des Comores, placent cette collectivité départementale dans une situation bien moins favorable que la Réunion mais bien meilleure que les Comores. Les autres pays, auxquels on pourrait ajouter la Somalie, comptent parmi les plus pauvres de la planète. À l'exception du Kenya et du Pakistan (puissance économique et militaire), ils sont aussi membres des 49 Pays les moins avancés (PMA) du monde.

On vient de le constater, les situations du développement humain dans l'océan Indien sont bien peu homogènes et leurs évolutions ne sont pas uniformes.

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François Taglioni

Bibliographie

Baneth, J., 1998. "Les indicateurs de développement”. Futurible, n°231, p. 5-27

PNUD, 2002. Rapport mondial sur le développement humain. Bruxelles, De Boeck Université, 277 p.

Sources de la carte

PNUD, 2002 ; INSÉÉ, 2002

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1 La mise en œuvre de l'IDH a été motivée par le fait que le PIB/habitant, généralement retenue pour définir les niveaux de richesse des pays, est dans de très nombreux cas une mauvaise mesure du niveau de bien être atteint par les populations. Certains pays transforment efficacement leurs performances économiques en développement humain, d'autres pas. Par exemple, l'Oman avec plus de 13 000 dollars par habitant compte 30 % d'analphabètes dans sa population adulte alors que la Pologne, dont le PIB/habitant est de 8 500 dollars par habitant, ne compte que 1 % d'analphabètes. Avec l'IDH, la hiérarchie est rétablie puisque l'Oman se place au 71e rang et la Pologne au 38e rang.