Atlas Géographique Informatisé Régional

La question de la dette publique est présente dans toutes les interrogations concernant le financement du développement, depuis plus de vingt ans. Cette question demeure actuelle, en Afrique notamment, où la crise perdure, voire s’aggrave, malgré des mesures d’annulation et un ensemble d’innovations techniques récentes.

La Réunion et Mayotte échappent au sort des pays du bassin india-océanique qui connaissent des situations d’endettement très contrastées. Ils bénéficient, de manière variée, selon leur importance géopolitique, d’attentions particulières de la part de la Banque mondiale et, surtout, du Fonds monétaire international (FMI). L’Asie du Sud est, principale bénéficiaire de l’aide multilatérale avec l’Inde, a connu une crise financière aiguë et brutale en 1997, directement liée à la dette, révélatrice de la fragilité économique d’un pôle émergeant. Véritable maillon faible de cet ensemble, l’Indonésie a construit son développement grâce à un recours massif aux prêts de la Banque mondiale. De 1967 à 2000, plus de 25 milliards de dollars de prêts ont été accordés pour financer des projets de développement dans tous les domaines. La croissance a suivi, avec un taux annuel moyen de 7 %, accompagné d’une réduction impressionnante du taux de pauvreté, passant de 60 % à 10 % de la population, selon la Banque mondiale. Ce pays s’est toutefois trouvé en cessation de paiement en 1997. L’annulation de 2,5 milliards de dollars d’échéances impayées a été accordée par la FMI, accompagnée d’une mise sous tutelle de la politique économique nationale. L’Indonésie demeure fragile. Elle consacre encore plus de 30 % de ses revenus d’exportation au service de sa dette.

Comme de très nombreux pays, les Etats insulaires (Comores, Madagascar, Seychelles, Maurice) ont eu recours à partir de la fin des années soixante-dix à des financements extérieurs, pour tenter d’asseoir leur développement. Ces quatre pays n’ont toutefois jamais été considérés comme des « grands débiteurs », bien qu’ils aient largement fait appel au système financier international et notamment aux facilités du FMI. Toutefois, cette option de développement est très vite devenue une lourde contrainte, insupportable dans le cas des économies insulaires les plus fragiles et les moins bien gérées. Ainsi, ce petit groupe d’Etats s’est-il scindé en deux parties. D’un côté, Maurice et les Seychelles ont rapidement su maîtriser leur endettement et, d’une certaine manière, en ont tiré durablement profit. La zone franche mauricienne est ainsi issue d’une logique « d’externalisation économique », imposée par la dette. Son objectif essentiel a consisté à générer des ressources financières pour assurer au mieux le service de la dette. Aux Seychelles, les importants investissements réalisés dans les infrastructures touristiques ont eu un objectif comparable. D’un autre côté, aux Comores et surtout à Madagascar, les deux dernières décennies ont été marquées par une succession d’années difficiles, imposant un réaménagement drastique de la dette par des rééchelonnements successifs, afin d’éviter la faillite du pays. Pires encore, sous la pression de la Banque mondiale et du FMI, des politiques « d’ajustement structurel » ont été imposées (libéralisation des échanges notamment), suivies d’un accroissement sensible de la pauvreté. Madagascar s’est ainsi enfoncé dans la crise durant toutes les années quatre-vingt, d’une manière qui paraît inexorable. Devant l’ampleur du problème, certains pays créanciers ont pris des mesures d’annulation de la dette : le Canada en 1987, l’Allemagne et la France en 1988, puis en 1990.

Ces mesures de restructuration ont également inspiré de récentes initiatives, parmi lesquelles « l’initiative PPTE » (pour : Pays Pauvres Très Endettés). Ce dispositif met en action une série de mesures techniques permettant l’allégement « exceptionnel » de la dette et un accès privilégié à de nouveaux financements. Le Mozambique (après quelques atermoiements) et Madagascar bénéficient actuellement de ces facilités.

La spirale infernale de la dette ne semble pas encore entièrement brisée dans le bassin india-océanique. La plupart des pays demeurent handicapés par cet héritage, dont l’annulation générale est régulièrement évoquée avec insistance.

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Thierry Simon

Bibliographie et sources de la carte

Rapports et évaluations annuelles de la banque Mondiale, du Fonds Monétaire International et de l’OCDE, accessibles sur Internet :
www.worldbank.org/hipc/
www.imf.org/external/hp/hipc
www.oecd.org/FR