Atlas Géographique Informatisé Régional

Un quart de l'humanité mais 8% de ses richesses

La contribution du bassin india-océanique à l’économie mondiale est assez modeste. Les 38 États riverains ou insulaires produisent un peu moins de 8% du revenu mondial (2000). Cinq États (Inde, Australie, Arabie Saoudite, Afrique du Sud et Indonésie) assurent plus de 57% du PNB du bassin et plus de la moitié présente un PNB inférieur à 0,05% du PNB mondial. La très forte disparité des participations n’est pas surprenante. Elle traduit l’hétérogénéité des systèmes économiques en place et souligne l’existence d’une précarité du développement étendue à une très large partie des États. Si certains pays présentent des capacités de production importantes (Inde, Afrique du Sud) ou des équilibres économiques satisfaisants (Australie, Singapour), nombreux sont ceux qui appartiennent au groupe des états les plus pauvres de la planète. Ce constat général est à peine entamé par l’analyse des PNB/ppa1 par habitant. Deux pays dépassent les 20 000 $ US par habitant (Australie et Singapour), et huit, pour certains grâce à leurs revenus pétroliers, se situent entre 20 et 10 000 $ par habitant (Qatar, Oman, Bahreïn, Arabie Saoudite, Koweït, la Réunion, Maurice et Seychelles). Un second groupe constitué par des économies très différentes assure un produit par habitant de l’ordre de 10 à 5 000 $ (cinq états). Un troisième groupe intègre huit pays dont chaque habitant dispose théoriquement de 5 à 2 000 $ et quinze autres enfin au PNB/ppa/h inférieur à 2 000 $.

Une dissymétrie est-ouest

Une analyse détaillée de la distribution du PNB à l’intérieur du bassin conduit à souligner la très forte hétérogénéité de l’ensemble et à discerner l’existence d’une dissymétrie géoéconomique est-ouest avec en transition, les pays du Moyen-orient. On peut ainsi proposer avec prudence, le dispositif suivant : un front de développement, de l’Australie à l’Inde ; un arc à la recherche du développement (Afrique Orientale et Australe, îles du Sud-Ouest de l’océan Indien) et un axe, au développement ambigu, constitué par les pays producteurs de pétrole.

Ce schéma repose sur l’idée de situation partagée plus que sur une hypothétique unité qui cimenterait chacun des trois ensembles. La structure du front de développement à l’est du Bassin s’appuie sur deux pôles économiques puissants mais de niveau de vie opposé (Inde et Australie). Entre les deux, on note la présence d'un relais dynamique : Singapour. Les autres États attachés à ce front (Indonésie, Bangladesh, Thaïlande, Malaisie) témoignent régulièrement, depuis quelques années, d’un progrès socio-économique qui les dirige sur la voie d’un véritable développement en dépit, pour certains, d’une réelle fragilité politique. L’exception de ce front est constituée par l’Union de Myanmar. Mis en quarantaine par la communauté internationale, cet État développe une politique autocentrée fondée sur l’agriculture pour s’assurer d’une certaine autarcie en décalage avec l’environnement régional. L’importance des revenus pétroliers des États du Golfe leur permet d’apparaître comme des espaces économiques en transition avec la bordure littorale de l’Afrique orientale et australe où se localisent des États qui partagent le rêve du développement. Néanmoins, les États du Golfe présentent les plus grandes inégalités internes au monde. Enfin, de l’Érythrée à l’Afrique du Sud, la pauvreté est partout présente. L’exception de cet arc de mal développement reste l’Afrique du Sud qui dispose de la capacité de production la plus importante, mais qui demeure fragilisée par une très forte inégalité sociale.

La Réunion : un cas particulier au sein des insularités

Les États insulaires du sud-ouest du bassin forment un résumé commode de l’ensemble, avec des élèves modèles comme l’île Maurice solidement accrochée au développement, ou des espaces en détresse économique et politique comme Madagascar ou la République Islamique des Comores. Des niveaux de vie cohérents, un réseau économique largement soutenu par une métropole et l’Union Européenne font de la Réunion le cas particulier de cet agencement insulaire.

Au total, le bassin india-océanique est d'une grande dissemblance économique. Il est structuré par des fronts de développement inégaux à l'avenir parfois incertain, et où les solidarités régionales manquent encore d’efficacité.

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Christian Germanaz

François Taglioni

Bibliographie

Banque mondiale, 2002. Rapport sur le développement dans le monde. Bruxelles, De Boeck Université, 292 p.

Sources de la carte

Banque mondiale, 2002 ; INSÉÉ, 2002

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1 Pour pouvoir comparer les niveaux de revenu, on utilise une monnaie commune, le dollar des États-Unis. Contrairement au taux de change classique, celui à parité de pouvoir d’achat incorpore les différences de prix entre les pays et rend équivalent le prix d’un panier de marchandises dans chaque pays. L’indice PNB/ppa par habitant ne traduit cependant pas l’inégalité spatiale et sociale dans la distribution du produit national.